Sanseverino & Tangomotán
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Pour la première fois de sa carrière, Sanseverino se lance dans le tango, avec un quartet de rénovateurs du genre, Tangomotán. 

Un jour de fin d’été à Paris. Les bourrasques de vent qui s’engouffrent dans la rue Jean-Baptiste Pigalle annoncent l’automne. Mais au studio Pigalle, en bas de la rue, une autre tempête se lève. A peine rentré de sa tournée bluesy Montreuil/Memphis, Sanseverino prépare sa prochaine aventure musicale, au pays du tango. En studio, il n’a pas lâché sa guitare électrique. Mais il est entouré d’une formation inédite : un pianiste, un violoniste, une bandéoniste et une contrebassiste. Des instruments acoustiques, mais une énergie de feu. Des cordes qui claquent, un piano déchaîné, un bandonéon hyper-ventilé… Ces quatre musiciens trentenaires forment le groupe Tangomotán, qui depuis une poignée d’années dépoussière le tango de fond en comble et en partant de la cave, de ses origines populaires.

Sanseverino n’est pas un spécialiste du tango. Mais son premier album, sorti en 2002, s’appelait quand même Le Tango des gens, d’après une chanson de François Béranger reprise sur le disque. « C’était un pied de nez, parce qu’il n’y avait pas de vrai tango sur cet album. Le thème de la chanson, c’était comment les gens font pour se déplacer dans la vie. Une vie vue d’en haut, ça ressemble à des pas de danse ». Plus tard, grâce à un contrebassiste italien, Sanseverino a découvert le vrai tango. En auditeur, en amateur. Il n’excluait pas d’enregistrer un jour du tango, mais à condition d’attendre le bon moment au bon endroit. Et les bonnes rencontres.

En 2015, Sanseverino découvre une vidéo de Tangomotán sur internet. Il adore leur fougue, leur jeu collectif, l’émotion, la tension et les contrastes qui explosent dans leur musique. Le contact est établi, l’intérêt et l’envie d’essayer réciproque. Premiers pas de danse en duo… « On connaissait tous la musique de Sanseverino. On n’avait jamais joué avec un chanteur. On ne voulait pas faire un album avec un chanteur : on voulait faire un album avec Sanseverino », expliquent les membres de Tangomotán. Ce groupe se produit toujours sur scène en bleus de travail, « pour rappeler les origines ouvrières du tango ». Sanseverino, lui, a un bleu de travail dans la tête, le goût des musiques populaires et des chansons qui chroniquent avec humour et tendresse la gravité du quotidien. Alors ils se sont mis au travail, un pas en avant un pas en arrière, à la découverte de l’autre et inversement, pour façonner une douzaine de nouvelles chansons qu’ils joueront ensemble sur scène, puis enregistreront. Un batteur viendra compléter le groupe, qui va aussi apprendre et « tangoïser » pour la scène d’anciennes chansons de Sanseverino.

« Je veux rentrer dans le tango comme si je découvrais sans interprète un pays dont je ne parle pas la langue », résume Sanseverino.  « On sent l’énergie rock de Sanseverino, qui amplifie ce qu’on cherche à faire depuis le début. Ce projet tombe à point pour nous, c’est une nouvelle page qui va nous apporter un nouveau souffle », explique Tangomotán. Et à l’écoute des premiers morceaux qui se trament au studio Pigalle, on peut prédire que ça va souffler très fort.